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Vers la formalisation des entreprises de la côte des Arcadins

Version Originale: Le National

Le rendez-vous est pour 11 h. On est dimanche, jour de repos. Mais, les entrepreneurs arrivent quand même au local de l’Association régionale des entrepreneurs de la côte des Arcadins (ARECA). Invités par le Centre de formation et d’encadrement technique (CFET), les entrepreneurs de l’Association viennent participer à un colloque le 21 août 2016 sur le processus de formalisation des entreprises, avec accent sur les avantages et implications fiscaux. C’est dans le cadre du Projet d’appui à la formalisation et au développement du potentiel de croissance des micros et petites entreprises (PROFORMA), financé par l’USAID, que se tient cet événement.

La salle est comble quand Claude Émile Junior introduit l’événement et le panel composé de Marlène Gay, directrice exécutive du CFET, Kesner Pharel du Group Croissance, Fabiola Saint-Victor, experte en fiscalité, et Claude Pierre Noël, vice-président de l’ARECA. Après les mots de bienvenue de M. Noël et un rappel du bien-fondé de l’événement par madame Gay, on entre dans le vif du sujet. Kesner Pharel prend la parole et commence par une approche macro-économique de la fiscalité. Dans une intervention pédagogique et surtout argumentative, le PDG du Group Croissance démontre qu’il est de loin préférable pour une entreprise d’être formelle. Évoquant le rôle et la pertinence des services publics, M. Pharel explique qu’il est indispensable de contribuer aux revenus de l’État si l’on veut profiter de sa protection et de son accompagnement. Il a souligné différents inconvénients qui découlent de l’absence des services publics, comme les prix élevés de certains services ou l’incapacité à se protéger de la concurrence déloyale. À sa démonstration, il ajoute des données économiques et fiscales propres à la région, comme le fait que les ressources propres de Cabaret soient le double de celles de l’Arcahaie ; commune ayant bien plus d’entreprises enregistrées que sa voisine le Cabaret. Ferme sur la nécessité de se formaliser et de collaborer avec l’État, il a mené un véritable plaidoyer sur la finalité d’avoir une patente et de contribuer régulièrement et sans réserve aux ressources de l’État.

C’est au tour de Fabiola Saint-Victor, experte en fiscalité d’intervenir. Cette auditrice indépendante a prolongé la ligne de son prédécesseur. Avec une approche un peu plus micro et des illustrations de la vie courante des entrepreneurs, elle soutient que les contraintes a la formalisation sont surtout psychologiques. C’est dans une attitude foncièrement basée sur la méfiance que nos micros et petits entrepreneurs refusent d’emprunter la voie de la fiscalité, selon elle. Entre ces stéréotypes et les services de courtage offerts par les arnaqueurs campés devant les bureaux de la DGI, il s’est installé une méconnaissance des procédures et des coûts réels des services. Le contribuable doit cesser de croire que le rôle de la DGI est de le piller. « L’impôt est une contribution fournie à l’État pour ses dépenses publiques », souligne madame Saint-Victor. Ayant décrit certaines procédures, en indiquant les montants y relatifs, la spécialiste a aussi montré, à sa façon, que rester dans l’informel était risqué.

La séance des questions était animée. Si l’assistance était reconnaissante pour l’édification et les nouvelles perspectives apportées par les intervenants, les « barrières psychologiques » évoquées par Fabiola Saint-Victor étaient flagrantes. Les questions tournaient autour des coutumes de nos fonctionnaires publics et de nos élus et surtout de leur réticence à compter sur l’État. Des éléments de réponse évoquant l’implication politique et des mesures formelles de pression ont été proposés.

Claude Junior Émile a profité pour présenter son ouvrage « Tourisme et développement durable en Haïti », livre recensant l’offre touristique de la côte des Arcadins. Sur une table, étaient aussi exposés, un livre d’apprentissage sur l’entrepreneuriat préparé par CFET dans le cadre du projet PROFORMA, des formulaires de déclaration d’impôt de la DGI, et un directoire des membres de l’ARECA. Quelques offres de membres de l’association étaient aussi exposées, comme de l’huile de ricin, des articles de menuiserie, et les plats d’une restauratrice ; faisant aussi de ce colloque une mini-foire.

Cet événement fait suite à une séance de formation sur l’entrepreneuriat, le leadership, la reddition des comptes administrée par CFET. Le projet vise le Cabaret, l’Arcahaie et la ville de Saint-Marc. Consciente que cet événement ne suffira pas pour orienter les entrepreneurs vers la formalisation, l’entreprise prévoit d’organiser toute une série d’autres événements. Mais pour Kesner Pharel qui a salué l’initiative, il s’agit d’un bon départ. Pour lui, le fait de se regrouper en association, de tenir des colloques de ce genre est déjà un pas dans la bonne direction. Citant quelques grandes entreprises de la région, il a insisté sur le fait d’entretenir des accords avec eux et de profiter du réseautage.

À travers des visites hebdomadaires et formations, le CFET entend aborder beaucoup plus en profondeur la problématique de la formalisation des entreprises. « Nous nous attendons à ce que plus de 20 % des entrepreneurs avec qui nous travaillons obtiennent leur patente à la fin du programme », a déclaré Marlène Gay, directrice exécutive de CFET.